Naturel___Archéologique___Historique__ _Religieux___Civil___Ecrit___Vinicole

 

Patrimoine civil

Les habitats

Les villages
Sur les versants, les anciens villages se sont développés au pied des falaises (Monton, La Roche-Blanche, La Roche-Noire, Corent), sur un promontoire (Mirefleurs), sur un éperon rocheux (St-Maurice-ès-Allier), ou à l'amorce d'un petit vallon (Gergovie, St-Georges-sur-Allier).
Dans la plaine, ils sont implantés sur des petits reliefs en dehors des zones inondables (Orcet, Les Martres-de-Veyre) ou des espaces marécageux (La Sauvetat) ou près d'une voie de circulation majeure (Veyre).

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Les matériaux .
Pour des raisons économiques, les matériaux locaux ont été utilisés pour les constructions, d'où une diversité de l'habitat ancien qui reflète celle des roches du sous-sol et est fonction de leur répartition géographique. Le contraste est saisissant entre les murs sombres (basalte) de La Roche-Noire, de Gergovie ou de Corent, ceux blonds ou blancs (calcaire, arkose) de La Sauvetat ou de St-Maurice-ès-Allier, ceux roux (pouzzolane) de Soulasse et ceux de de teinte grise (pépérite, tuf) de Monton. Les murs polychromes traduisent la proximité, sur le plan local, de divers types de matériaux (basalte et calcaire à la Roche-Blanche ou à Mirefleurs, basalte, pouzzolane et calcaire à St-Georges-sur-Allier) ou la présence de matériaux eux-mêmes composites (galets de l'Allier à la Grande Vaure, aux Martres-de-Veyre).

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__________Mirefleurs________________________________Corent


L'arkose, pierre locale, exploitée à Montpeyroux et Vic-le-Comte, et la trachyandésite (pierre de Volvic) sont utilisées généralement en pierres de taille pour les encadrements de baies, les chaînes d'angles, les parements, les corniches ou les marches d'escalier. Le basalte et le calcaire le sont également, mais plus rarement. Seule utilisée à ces fins dans les constructions les plus anciennes, l'arkose prédomine ensuite très largement à proximité des lieux d'exploitation.

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Orcet_____________________________Gergovie


Soulasse

Produite localement, la brique a été largement utilisée en corniche, dés la deuxième moitié du XIX° siècle, à la place de la tuile canal qui recouvre les couvertures anciennes ou de la "pierre de Volvic" beaucoup plus onéreuse.

Leur mise en œuvre .
Les anciens murs sont faciles à identifier avec des moellons disposés lit par lit dont le nivellement en partie supérieure est assuré par l'introduction dans les interstices de pierres de taille réduite, d'éclats de roches, voire de fragments de tuile scellés par un mortier à la chaux. La disposition en harpe des pierres de taille (alternance des faces longues et courtes) est classique au niveau des chaînes d'angles et des piédroits des baies. Les linteaux sont fréquemment associés à des arcs de décharge.

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Les dallettes d'arkose utilisées pour le couronnement des murs gouttereaux se retrouvent localement sur les murs pignon (Veyre-Monton, La Sauvetat, St-Maurice-ès-Allier). Génoises et corniches de briques coexistent au niveau local et peuvent se prolonger sur le mur pignon (Lissac, Veyre,). La répartition des corniches-chenaux (en pierre de Volvic généralement) varie très largement en fonction des villages (exceptionnelles à la Sauvetat, très rares à St-Maurice-ès-Allier)

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Les marqueurs chronologiques .
La diversité des encadrements de baie (caractéristiques des arcs, décors des linteaux et des piédroits, forme des appuis…) est en quelque sorte, entre autres, le reflet de l'histoire des villages.

Les arcs

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Les linteaux

Les appuis

 

Maisons vigneronnes

"Cuvages" et caves .

Dans les anciens bourgs, rares sont les maisons dépourvues de cave ou de "cuvage". La fréquence des entrées de "cuvage" avec leur arc en anse de panier ou en plein cintre, parfois associé à une porte à claire-voie, témoigne de l'impact laissé par la viticulture dans les anciens villages et correspond au marqueur le plus évident de cette activité. Une petite baie ouverte dans la façade à hauteur de la clef de l'arc en assure fréquemment la ventilation tandis qu'en partie basse un soupirail assure celle de la cave(ou des caves superposées) creusée dans le sol. Les portes de cave à double battant, elles mêmes partiellement ajourées, placées sous un linteau droit, souvent en arkose mais parfois en bois, constituent un autre marqueur.

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Porte de cave avec gonds fantaisie
située à Orcet

Maisons vigneronnes.

L'étroitesse du parcellaire dans les anciens bourgs a imposé la construction de maisons de type "bloc en hauteur" accolées les unes aux autres, avec au-dessus du cuvage un ou deux niveaux affectés à l'habitation, surmontés d'un grenier souvent aménagé pour partie en pigeonnier. La desserte du niveau habitation s'effectue par un escalier extérieur prolongé par un perron (l'estre), plus ou moins long, donnant accès à la porte d'entrée.

Les marches d'escalier monolithiques, en arkose ou en trachyandésite (pierre de Volvic), s'insèrent en façade ou s'appuient sur un mur extérieur (mur d'échiffre) qui se prolonge tout au long de l'escalier et de l'estre sous forme d'un garde-corps couronné par une main-courante constituée de dallettes en pierre taillée. Un petit local est aménagé sous l'escalier. Sous l'estre, une structure voûtée donne accès au "cuvage" et/ou à la cave. Des consoles en pierre soutiennent classiquement les grandes dalles de pierre de Volvic utilisées pour l'estre ou les balcons suspendus.

Les rampes et les garde-corps en fer forgé ou en fonte avec des barreaux et des volutes de géométrie plus ou moins complexes, souvent personnalisés (initiales entrelacées dans un panneau) constituent une alternative aux structures maçonnées.

L'estre, (voire l'escalier) était souvent protégé par une avancée du toit ou un auvent (le courcour) supporté par des potelets de bois qui abritaient parfois un "grenier" suspendu (le galetas) sur lequel séchaient les fruits et les légumes. L'aisance des anciens propriétaires transparaît à travers les dimensions de l'habitation, la nature des matériaux utilisés en couronnement des murs (génoises, corniches en arkose, en trachyandésite ou en briques pleines ou moulées, à festons ou à modillons), ou en couverture (épis de faîtage) et l'aspect des ferronneries.

 

 

 


Maison vigneronne à Mirefleurs

 

Villages vignerons .

Les clefs millésimées des entrées de "cuvage" suggèrent que les plus anciennes pourraient dater de la deuxième moitié du XVII° siècle et du XVIII° siècle, période au cours de laquelle les forts se sont ouverts vers l'extérieur, avec l'installation d'escaliers sur l'emplacement des fossés après leur comblement.

Le creusement des caves, développé au cours du XVIII° siècle pour loger les récoltes excédentaires de certaines années ou éviter les pertes occasionnées par le gel lors d'hivers rigoureux, s'amplifie au XIX° siècle. La prolifération des caves est liée à la multiplication du nombre de vignerons mais aussi à l'augmentation de la production qui atteint son apogée vers 1890. Le commerce du vin à l'échelle régionale est exposé aux aléas de la concurrence. Les caves permettent de le stocker à température constante (10 à11°C) et d'éviter la "tourne" en attendant l'arrivée des négociants.

Les caractéristiques de l'habitat sont le reflet de cette période pendant laquelle les besoins en main d'œuvre se traduisent par la coexistence d'individus à niveaux de vie très différents. De minuscules maisons de journaliers ou de petits propriétaires côtoient des maisons bourgeoises ou de négociants en vins.

Pigeonniers et colombiers

L'élevage des pigeons en semi-liberté était une activité très répandue en Limagne où les céréales, les légumineuses et les fruits étaient produits en abondance.

LES PIGEONNIERS .

Nombre de constructions (habitations, granges) des anciens villages comportent sous le toit un grenier aménagé pour partie en pigeonnier. Une telle affectation est soulignée par la présence d'ouvertures de section carrée, parfois semi-circulaires ou semi-elliptiques, avec des encadrements en pierres de taille ou en briquettes. Elles sont isolées, jumelées, parfois placées prés de l'angle de la construction, l'une en façade l'autre en pignon. Initialement, elles étaient occultées par une dallette en pierre qualifiée de grille d'envol (arkose le plus souvent, parfois pierre de Volvic) percée de jours cylindriques, le plus souvent au nombre de trois, permettant la circulation des pigeons. Une plaque de bois pouvait remplacer la dallette de pierre. Nombre de ces ouvertures sont aujourd'hui béantes (granges) ou pourvues d'une petite fenêtre (habitation). Sous la baie, le perchoir ou tablette d'envol (dalles de pierre fixées dans le mur ou planche) possède parfois un rebord vertical aux extrémités assurant sa protection contre le vent.

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_____Lignat_________________Les Martres-de-Veyre

 

LES COLOMBIERS .

Très souvent les pigeons sont hébergés dans un corps de bâtiment qui fait saillie en façade de l'ensemble ou s'élève nettement au-dessus de son toit ou dans une construction isolée dans un angle de la cour ou du parc. Seul le ou les deux derniers niveaux de ces édifices qui peuvent en compter quatre leur sont affectés. La plupart de ces colombiers sont de section carrée (ou rectangulaire) avec généralement un toit à une seule pente, en bâtière (les murs autres que le mur gouttereau se prolongent au dessus du toit sous forme d'un bourrelet qui sert de promenoir aux oiseaux et les abrite du vent lorsqu'ils sont sur le toit). Quelques toits à quatre pans, certains avec de fortes pentes ou des épis sont également présents.

Les colombiers, de section circulaire, associés aux domaines ou châteaux, présentent eux-mêmes généralement un toit en bâtière avec un bourrelet disposé selon les trois quarts de la circonférence.

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QUELQUES PARTICULARITES.

Les fuies , petites caisses en bois placées sous les avancées de toit et les volières destinées à retenir les oiseaux en période de semaille ou de récolte sont encore visibles localement.

La protection des grilles d'envol et des entrées contre les intempéries est assurée par des dispositifs installés en dessus des entrées, perdendiculairement au mur (petit toit en pierre, briquettes saillantes, plaque de zinc, planche). Fixées à plat sur le mur autour des entrées, les plaques de zinc s'opposent à la progression des prédateurs munis de griffes.

Pigeons et habitats troglodytiques. La présence de boulins (cavités cubiques) régulièrement disposés, creusés dans les parois de certaines grottes de Monton et de la Roche-Blanche, permet d'avancer qu'elles ont probablement été aménagées tardivement ou pour partie pour l'élevage des pigeons.

Fresques à l'entrée des locaux à pigeons . Les fresques colorées où les oiseaux sont associés à des végétaux ou à des formes non figuratives (cœurs, rosaces, croix) correspondent à une production artistique populaire très répandue en Limagne. Celle de la Roche-Noire est unique sur le territoire de Gergovie-Val d'Allier.

Colombiers fantaisistes .Certains édifices, remarquables par leurs formes ou la nature des matériaux utilisés, parfois non fonctionnels, témoignent d'une grande fantaisie.

 

Puits, fontaines et lavoirs

LES PUITS .

L'exploitation par puits des aquifères souterrains proches de la surface du sol est une technique classique. Les fouilles archéologiques ont mis en évidence des puits creusés dans le basalte (Gergovie) ou à travers les alluvions des anciennes terrasses de l'Allier (Gondole). Des puits publics ou privés sont encore repérables dans les cours, les jardins ou en bordure de la voie publique par leur margelle ou leur enceinte maçonnée couverte en forme d'obus (puits à guérite). Certains dispositifs de pompage telles les éoliennes sont encore visibles.

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Lissac______________________Les Martres-de-Veyre

Au cours de la deuxième moitié du XX° siècle (voir dès 1930 vers Cournon), des alignements de puits de 10 m de profondeur sont implantés à faible distance de l'Allier pour permettre l'exploitation de sa nappe (Albaret à Mirefleurs, Grande Vaure à La Roche-Noire).

Des campagnes de forage ont été réalisées à des profondeurs de l'ordre de 100 m pour augmenter les débits d'eau gazeuse commercialisée à Ste-Marguerite. D'autres le sont désormais à des fins géothermiques (chauffage individuel).

 

CITERNES ET RESERVOIRS .

Les fouilles archéologiques ont mis en évidence la présence de citernes stockant les eaux superficielles dans les quartiers artisanaux gallo-romains. Des citernes souterraines maçonnées jouant le rôle de réserve en cas d'incendie ont été aménagées localement (Monton). Les réservoirs maçonnés, enterrés ou semi-enterrés, se sont multipliés avec la desserte des villages en eau potable par simple gravité, puis, par la suite par pompages électriques.

 

FONTAINES ET LAVOIRS .

La desserte en eau potable des collectivités s'est souvent accompagnée de l'installation d'une petite fontaine dans chaque quartier. Dans les villages, beaucoup ont été supprimées après réalisation de la desserte individuelle des immeubles, mais elles sont encore nombreuses à La Sauvetat.

Le point d'eau a souvent été équipé d'un, puis de deux bacs disposés en série. Le bac amont est alors support d'un porte-cruche en fer plat, le bac aval étant affecté en lavoir. Ces bacs, dont la taille a augmenté avec le temps, contenaient souvent les seules ressources d'eau en cas d'incendie.

Lieu de vie, les fontaines pouvaient être la fierté du village. Des fontaines d'apparat sont présentes au centre des places principales de plusieurs villages (La Sauvetat, La Roche-Blanche). Il s'agit parfois de fontaines murales (St Georges-sur-Allier, Mirefleurs).

Des dalles de pierres inclinées et jointives, disposées sur la rive de la rivière (Narse à Orcet, La Sauvetat) ou du bief (Veyre, Les Martres-de-Veyre), marquent l'emplacement des anciens lavoirs, parfois couverts, où les femmes venaient laver leur bugeade (grandes étoffes), mais aussi adoucir les fils de lin ou de chanvre utilisés pour la fabrication des toiles. Lorsque le lavoir était éloigné du village, un local maçonné ("cabane des laveuses") équipé d'une cheminée leur permettait de s'abriter et de faire bouillir le linge. Des fils tendus sur piquets permettaient de le faire sécher.

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